[Belgique] Communiqué de presse de l’association Chrétiens & sida

Le 22 octobre 2010,

Les conceptions de l’archevêque de Malines-Bruxelles en matière de justice et d’attention aux plus vulnérables scandalisent profondément l’association Chrétiens & sida

L’association œcuménique Chrétiens & sida, créée en 1991, soucieuse de mettre au cœur de l’épidémie du sida les ressources spirituelles de l’Évangile par la prévention et le soutien des personnes atteintes, ne peut en aucun cas accepter les propos récents de Mgr Léonard, Archevêque de Belgique, qui assimile l’épidémie du sida à une « certaine justice immanente ». Il est tout à fait inacceptable de considérer cette maladie comme une forme de punition.

Si le sida, infection virale, inscrit la mort dans des gestes qui sont ceux de l’amour et du don de la vie, la vraie question est de mettre en œuvre tous les moyens capables de créer un sentiment de responsabilité et non de stigmatiser ou de culpabiliser les personnes déjà atteintes. Nous affirmons que de telles déclarations produisent des effets rétroactifs très négatifs pour les personnes concernées ainsi que pour les membres des associations qui les accompagnent.

Nous voudrions rappeler que l’évocation, par certains milieux ou certains croyants, d’un « Dieu punisseur » constitue l’une des raisons pour lesquelles les Églises sont sorties du silence dans les années 1986-87. Certains évêques dont le cardinal Joseph Bernardin, archevêque de Chicago, et le Conseil Œcuménique des Eglises ont réagit dans le même sens : « Dieu est aimant et miséricordieux et non pas vengeur. Fait à l’image de Dieu, chaque être humain représente un bien inestimable et la vie de chaque personne, quelle que soit son orientation sexuelle, est sacrée et sa dignité doit être respectée. »

L’existence d’une justice « immanente » est démentie chaque jour par l’actualité. Qui ne voit que la vie dans sa factualité brute est plutôt une injustice immanente ? La foi catholique ne dit-elle pas d’ailleurs que c’est pour réparer celle-ci que le Christ a souffert et est mort sur la croix ? En Lui, certains avaient voulu punir Dieu d’aimer plutôt que de juger. Une religion peut devenir un terrible totalitarisme si elle usurpe le droit de son Dieu d’avoir le dernier mot sur les mystères du mal et de l’amour. Aujourd’hui, c’est avec ceux que frappe le sida que Jésus continue de souffrir. Avec eux, il reçoit à nouveau les stigmates de la part de ceux qui préfèrent l’amour de la loi à la loi de l’amour. Plutôt que de juger, il revient aux responsables des Églises de s’investir pour demander et faire naître plus de solidarité, plus de compassion, plus de respect, plus d’égard pour la dignité de chaque être humain.