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Publié le octobre 11th, 2017 | par Carrefour des chrétiens inclusifs

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Discours au Sénat belge – 4 octobre 2017

Voici le discours prononcé par notre ami François Thollon-Choquet, mercredi 4 octobre, au sénat belge lors d’un colloque portant sur l’apport positif des cultes reconnus à la société.

 

« Madame la Présidente,
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs,

Y a-t-il vraiment de quoi se réjouir ?

L’expression « religioptimisme » ne confine-t-elle pas à la naïveté ou au doux rêve ? C’est une accusation souvent portée à l’endroit des croyants… parfois à raison !

Ne nous voilons pas la face : si ce qu’on appelle le « phénomène religieux » bat son plein, on ne peut pas dire que les effectifs de nos communautés connaissent une croissance significative…à moins qu’on parle de moyenne d’âge !

Nombre de nos contemporains ont une image déplorable des religions, et on les suivrait volontiers si on ne regardait que le dirigisme moral, l’intolérance ou la misogynie, autant de thèmes trop souvent associés aux cultes.

Par ailleurs, faute d’intérêt, l’inculture religieuse conduit à l’incompréhension des gens dits « de l’extérieur ».

Quant à celles et ceux « de l’intérieur », confessons humblement que ce sont nos meilleurs ennemis. À tant nous taper dessus, on pourrait presque croire que nous aimons cela.

Pardon de casser l’ambiance avant de passer à table, mais nous sommes face à une crise sans précédent dans sa forme et rien ne semble indiquer que les religions institutionnelles doivent survivre au 21ème siècle. Je vous dis les choses aussi crûment car je ne voudrais pas qu’on assimile « optimisme » à « naïveté ». D’autre part, si j’appartiens (encore !, oserais-je dire) à une Église, c’est que j’ai la conviction qu’elle partage avec d’autres un héritage qui nous dépasse, une Bonne Nouvelle, l’Évangile, dont je suis certain qu’il fait et fera son chemin avec ou sans nous. Je crois que l’Évangile renferme une force de transformation, une puissance de relèvement qui le fait se manifester même en-dehors de nos cercles. C’est d’ailleurs ce qui rassure la théologienne suisse Lytta Basset qui voit dans le recul des Églises la preuve que l’Évangile a solidement pris ses racines dans la société. Selon elle, les Églises ne sont plus nécessaires pour garantir la diffusion de la Bonne Nouvelle. Sont-elles alors toujours utiles si elles ne recrutent pas de nouveaux croyants ? C’est que, toujours selon Lytta Basset, avant d’être croyantes, les Églises doivent être crédibles. Pour cela, la théologienne appelle à 4 refus, que je fais miens et vous partage : refus de l’inauthenticité, refus de l’incohérence, refus du dogmatisme et refus de valoriser « Dieu » au détriment de l’humain.

À mon sens, si on suit ces conseils, on parvient à s’interroger très sérieusement sur l’accueil que nos Églises réservent aux personnes LGBTI, soit lesbiennes, gays, bisexuel·le·s, transgenres et intersexes. Et ça, c’est une bonne nouvelle. Ça, cela mérite qu’on soit religioptimiste. Surtout quand on voit que, même avec difficulté, l’Église Protestante Unie de Belgique saisit cette question à bras le corps. Je fais alors le choix d’un religioptimisme exigeant.

Par ailleurs, en tant que lecteur attentif du collapsologue de l’ULB Pablo Servigne, je crois que, même si tout peut s’effondrer, ce sont les initiatives novatrices et résilientes qui permettront aux Églises de passer le flambeau… à défaut de passer l’hiver.

Saint Paul l’affirme dans sa lettre aux Galates :

Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ. 

J’ajouterai volontiers :

Il n’y a plus ni hétérosexuel·le ni homosexuel·le, ni cisgenre ni transgenre, car vous toutes et tous, vous êtes unE en Jésus-Christ.

C’est sur cette ferme assurance que se fondent les membres du christianisme inclusif à travers le monde pour affirmer l’égale dignité devant Dieu de chacune et chacun, reléguant les orientations sexuelles et identités de genre à un plan secondaire face à l’amour infini de Dieu pour l’humanité. Caractère secondaire à rappeler à celles et ceux, croyants ou non, qui sont tellement passionnés par ce qui se passe dans le lit de leurs congénères.

Ce mouvement inclusif se manifeste en Belgique dans différentes confessions chrétiennes, mais aussi dans d’autres religions. J’aimerais citer, pour ce qui nous concerne, le Carrefour des Chrétiens Inclusifs, réseau francophone international qui œuvre depuis bientôt vingt ans à la pleine inclusion des personnes homosexuelles, transgenres et intersexuées dans les Églises. L’inclusivité, être inclusif, c’est, selon la définition du pasteur Stéphane Lavignotte, « se donner les moyens pratiques d’un accueil qui tende vers l’inconditionnel ».

Je crois que l’inclusivité est un sujet sur lequel nos contemporains et contemporaines nous attendent. Le Carrefour des Chrétiens Inclusifs s’est ainsi positionné sur des sujets délaissés en créant des pôles au service des personnes trans et des familles nouvelles. Alors bien sûr, on ne peut pas plaire à tout le monde et ce n’est pas le but d’une Église. Mais je fais le pari que ce sont les institutions qui saisissent ce biais d’innovation qui seront les plus fidèles témoins de leur espérance.

Alors, nous aurons eu raison d’être optimistes.

Je vous remercie. »

 

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