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Publié le juin 5th, 2014 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs

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Retraite #cci2014 : Méditation d’entrée « LE VOYAGE LE PLUS LONG : LE CHEMIN D’ÉTERNITÉ »

Par le Frère Jean-Michel +
Prieur de la Communion Béthanie.

Méditation offerte le jeudi de l’Ascension 29 mai 2014.
LE VOYAGE LE PLUS LONG : LE CHEMIN D’ÉTERNITÉ
Croyants, incroyants, tous chercheurs, nous voici ce soir, autour de ce bout de bois.
Une Croix… : car un jour sur notre terre, sur une petite colline, près de Jérusalem, un Homme a vécu le voyage le plus long !

C’est la confiance, la foi des chrétiens.

Un chemin d’éternité se propose dans notre monde par un voyage immobile sur un bout de bois, une Croix !
Simon lâche la poutre. Elle tombe et rebondit sur la pierre du Golgotha. On te couche dessus. On pose le clou. Le marteau s’abat. Un hurlement glace les cœurs. La douleur est affolante, insoutenable. Ton corps se tord autour du hurlement. Ton corps vibre, frissonne. Tu étouffes. Tu respires par à-coups, comme un noyé. Tu suffoques, tu asphyxies, tes muscles ne sont que torture, tes bras, tes jambes se nouent de crampes, les étoiles filent dans ta tête, tes yeux, le mal vrille, explose dans ton crâne, ta poitrine, le souffle se fait court, saccadé, et cela dure, et cela dure…

Tes amis sont partis… Marie, Marie-Madeleine, le disciple bien-aimé, c’est tout. Et peut-être que ça suffit. Parce que autour il y a la foule encore, toujours, attentive, palpitante, frémissante, hors d’elle-même, extasié en douleur, en fascination devant ce corps, ces corps nus, rouges pantins tordus.
La foule des tristes est des déçus, des découragés et des compatissants, la foule de ceux qui y avaient cru, qui avaient un moment espéré, sans trop y croire quand même pourtant, qu’un autre monde était possible, allait s’ouvrir et rayonner, où plus jamais, jamais, ne régneraient la force, ni la violence, ni la puissance, ni le mal, ni la haine.

Et au-devant de cette foule des douloureux, les puissants se repaissent, ceux qui ont réussi ce bel exploit, les courageux de l’ombre, ceux qui ont manœuvré auprès de Pilate et d’Hérode, les haineux de l’obscurité, les taiseux qui hochent la tête en se répétant au-dedans qu’ils l’avaient bien dit, que cela devait finir ainsi, que tu n’étais qu’un imposteur, un bon à rien qu’à allumer les foules alors qu’il faut les mater, les foules, les dominer, les posséder pour avoir la paix.

Et cela dure, et cela dure. Et le soleil monte. Et la soif est lancinante. Et les murmures se dispersent. Et les insultes continuent de jaillir, les moqueries, le mépris affiché… Et cela dure, et cela dure.
Et à midi tombe la nuit, on ne sait pas pourquoi. Ton cœur s’essouffle.

« Tout est accompli ! », ou bien rien…

Un dernier cri, un dernier hurlement simplement.

Et ton cœur éclate .

Et tu meurs.

Le sang reflue. Ton corps se tait. Il se tasse le long de la croix. Tes yeux se fixent dans le rien. Ta tête tombe, et des gouttes de sang, les dernières, sur le bois, sur la pierre. C’est fini.

C’est le vide, le froid.

Ta mère est assise, prostré. Elle n’a plus de larmes. Elle ne comprend pas. Elle pense qu’elle n’a jamais rien compris. Elle est là.

Les autres, tous les autres, les spectateurs, s’en vont.

Solitude…

C’est le silence, la nuit, le froid. C’est l’hébétude.

La mort, le vide.

Tu es mort.

Froid.

Nu.

C’est fini.

C’est fini.

Ta dernière parole, ton dernier logos, ton dernier verbe…

Parole qui traverse toutes les cultures, toutes les langues, toutes les affectivités, les sexualités, les identités :
Un cœur transpercé. Une blessure, deux lèvres qui dise ta vulnérabilité.

Deux lèvres qui prononcent enfin ton nom : JÉSUS.

Ta Croix le proclame. Tu n’as vaincu la mort, le mal qu’en acceptant librement d’affronter nu la réalité nue.
En repoussant la tentation de renier ta condition humaine et de tricher en transformant pour toi, les pierres en pain, la tentation du spectaculaire en te jetant du haut du pinacle du Temple, la tentation de la puissance et de la gloire aux yeux de l’humanité.

En te tenant debout, nu, seul et libre, devant ton Père et devant l’humanité. Devant le refus et devant la haine.
Devant la vie, devant la souffrance et devant la mort. Seul. Libre. Et nu.

Car on naît nu.
On aime nu.
On meurt nu.

Et tout le reste est habillage.

Ce soir, au seuil de CCI, une question, à la triple splendeur, jaillit dans ton cœur :
+ Veux-tu entrer toi-même dans ce voyage le plus long ?
+ Veux-tu accueillir en toi-même ce chemin d’éternité ?
+ Veux-tu, enfin, dénuder ton cœur ? (Il est plus long de dénuder son cœur que de dénuder son corps…)

Je te propose d’accueillir la vulnérabilité de JÉSUS le CHRIST, je te propose de venir déposer sur cette croix, ce que tu es, ce que tu vis, par un geste de ton choix.

Il s’agit de nous laisser baigner par la tendresse. Mais qu’est-ce que la tendresse ? C’est, me semble-t-il, l’expression de l’Amour dans ce qu’il a de plus fragile.

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