Publié le novembre 15th, 2009 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs
0Jean 7 : 10 -52
Année D – 15 novembre 2009, 33e dimanche du temps ordinaire – Jean 7 : 10 -52
Exposé au jugement d’autrui
Le texte de Jean nous montre Jésus parmi la foule à la fête des Tentes. Cette fête (Soukkot) est la plus ancienne des fêtes bibliques. À l’origine fête des récoltes, elle se réfère au texte du Lévitique (Lévitique 23 :42-44): « Vous demeurerez pendant sept jours sous des tentes; tous les indigènes en Israël demeureront sous des tentes, afin que vos descendants sachent que j’ai fait habiter sous des tentes les enfants d’Israël, après les avoir fait sortir du pays d’Égypte. Je suis le Seigneur, votre Dieu. C’est ainsi que Moïse dit aux enfants d’Israël quelles sont les fêtes du Seigneur. »
Ce qui me frappe dans ce texte, c’est de voir à quel point Jésus s’expose par son enseignement aux jugements d’autrui. D’un côté on le reconnaît comme un homme de bien et de l’autre comme celui qui contribue à l’égarement de la foule.
Souvent lorsque j’aborde un texte évangélique, j’essaie de voir comment il rejoint mon expérience de vie. Certes je n’ai pas la prétention de voir en Jésus mon égal mais je me permets toute de même d’aborder ce texte par comparaison.
Pour les juifs, Jésus est un dérangeur. Chaque chrétien se doit à un certain niveau d’être dérangeur des consciences à l’exemple de Jésus. Au sein même du christianisme, ne sommes-nous pas davantage exposé au jugement de nos pairs à cause de notre orientation affective ? Nous sommes aussi des dérangeurs, une minorité à qui on aimerait parfois imposer le silence. Mais nous sommes au Christ nous aussi et nous témoignons de la grandeur de sa grâce, même si notre témoignage dérange ou scandalise. « Ne jugez pas selon l’apparence ; que votre jugement soit juste » (v24). Une autre traduction se lit ainsi : « Jugez de façon correcte. »
Ce texte de l’évangile nous montre un Jésus qui est objet de discussions animées, et de clivages. Certains veulent même le voir mort. On l’exclut sous prétexte qu’il vient de Galilée et qu’il ne peut y avoir de prophète venant de cette région (v.52). Il dérange les chefs religieux. Comment cet homme peut-il connaître les écrits puisqu’il n’a pas étudié (v.16) ? Le voilà jugé sur une question de rhétorique plus que la source de son inspiration. On lui reproche aussi de ne pas avoir respecter la loi parce que par amour, il a guéri un homme le jour du sabbat (v.23). Peu importe ce que Jésus dit ou fait, il sera jugé de toute façon.
Les chefs religieux stagnent dans leurs concepts traditionnels pendant que Jésus démontre que le cheminement spirituel va au delà des principes et de la loi. La foi est quelque chose qui vit et qui évolue. Pour moi, même si c’est une interprétation très personnelle, la figure « des fleuves d’eau vive » démontre le mouvement de l’Esprit dans la spiritualité chrétienne. Ce n’est pas quelque chose qui stagne, l’eau est un courant qui mène vers une autre dimension. « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive ! Celui qui met sa foi en moi- comme le dit l’Ecriture- des fleuves d’eau vive couleront de son sein. » (v.38) Cette mouvance de l’Esprit nous permet de changer les choses, de témoigner de notre foi au Christ, de nous affirmer au risque de déranger et de nous exposer aux bons ou aux mauvais jugements de nos pairs comme Jésus lui-même en fut l’objet dans ce texte de Jean.
Rendons grâce à Dieu d’être des dérangeurs à l’exemple de Jésus ! Puissions-nous ainsi accomplir sa volonté par Jésus-Christ. Amen !
Dominique GAUVREAU