Publié le avril 3rd, 2010 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs
0Luc 24 : 1-12
3 avril 2010, veillée pascale, Luc 24 : 1-12
Ne pas maîtriser le grec a du bon : cela oblige, pour essayer de comprendre le texte évangélique, à recourir à plusieurs traductions françaises. On découvre notamment pour ce récit de la résurrection, avec quelle créativité les traductions essaient de rendre compte de l’état psychique de nos personnages. Au début du récit, on trouve au verset 4 des femmes qui, selon les versions, « ne savent que penser » ; « demeurent perplexes… » ; « sont déconcertées »… A la fin, un homme, « tout étonné » ou « tout surpris » de ce qui est arrivé (v. 12).
Que l’expression choisie pour nos femmes soit positive : « être déconcerté » ou négative : « ne pas savoir que penser », elle indique toujours une rupture dans leur action. En effet, Marie-Madeleine, Jeanne, Marie et « les autres femmes qui les accompagnent » ne se trouvent pas devant ce tombeau vide par hasard : elles se sont levées très tôt puisqu’au moment où elles entrent dans le sépulcre, c’est encore « la pointe de l’aube ». Elles viennent les mains chargées d’aromates préparées deux jours avant, c’est-à-dire avant la fermeture des boutiques pour le repos hebdomadaire du Sabbat. Nous avons donc à faire à des femmes organisées et prévoyantes. Et c’est alors que se produit le retournement : ne trouvant pas le corps qu’elles avaient imaginé embaumer, elles « ne savent plus que penser ». C’est dans ce contact brutal avec le réel- une grande claque à toute forme d’imagination et de projection- que la force de la résurrection fait son irruption, symbolisée ici par deux hommes avec un vêtement éblouissant. Elles sont contraintes de reconnaître la vérité : ce qu’elles cherchent, un corps mort, n’existe plus. Elles font le deuil du scénario prévu dans leur petite tête pour écrire une autre histoire, une grand histoire. La résurrection, pour elles, peut avoir lieu.
Quand les choses ne se passent pas du tout comme prévu dans notre vie, comment réagissons-nous ? Nous avons le choix : soit nous raconter toutes sortes d’histoires pour nous conforter dans notre structure habituelle de pensée et refuser la nouveauté de la Vie. C’est ce que nos deux hommes appellent : « chercher le Vivant parmi les morts ». Soit nous prenons acte que notre démarche, notre action n’aboutissent pas. Nous acceptons d’être « déconcerté », de « ne pas savoir » et alors la résurrection peut avoir lieu dans notre vie. Alors, comme les femmes, nous nous délesterons de nos parfums mortuaires pour courir. Alors, comme Pierre, nous retournerons « chez nous » (cf v. 12). Ce lieu de contact vital entre le réel et nous même…Cette rencontre toujours nouvelle, toujours surprenante entre le Vivant et ce qui demeure vivant en nous.
Arnaud ARCADIAS
Prière :
Seigneur, pour moi-même et pour celui/celle ou ceux que je nomme N., je te demande la force d’accepter les ruptures nécessaires de ma vie… d’accepter que l’ « homme ancien » meure de sa belle mort et que ton Esprit vive en moi et en/lui/elle/eux. Amen !