Publié le mai 13th, 2010 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs
0Luc 24 : 46-53
13 mai 2010, ascension de Jésus,
Cet extrait s’ouvre sur un programme, la liste de ce que vont avoir à réaliser les apôtres dans les Actes des apôtres. Aller vers les nations pour témoigner de la mort et de la résurrection, partir sur les routes pour proclamer le pardon des péchés, le changement de vie…
Nous savons qu’ils le feront : nous connaissons la suite. Mais pour eux, à ce moment-là, c’est impossible à entendre : leur foi est en miette. En bons juifs, ils croyaient que le Messie allait faire tomber le pouvoir romain. Non seulement, il a échoué, mais il a été tué. Depuis, il est réapparu, mais ils ont du mal à croire à la résurrection, et il va à nouveau disparaître. Ils ne sont pas en état pour annoncer quoi que ce soit.
Que se passe-t-il alors ? Juste avant, les pèlerins d’Emmaüs – en fuite ? – rencontrent Jésus qui les fait « retourner à Jérusalem ». Ensuite, Jésus apparaît aux apôtres et les déplace de Jérusalem – où ils sont cachés, terrés, terrorisés – à Béthanie. Ils ne profitent pas d’être miraculeusement sortis de la ville pour fuir. Ils vont « retourner à Jérusalem ».
Retourner à Jérusalem, c’est retourner sur lieu du rejet par le judaïsme de Jésus et des premiers chrétiens. Mais aussi dans la capitale de la Loi, des Psaumes et des prophètes, donc d’un patrimoine, de ressources pour la vie et la lutte. Se remettre dans une histoire plus longue que les chocs et les violences récents, la précarité du présent.
Retourner à Jérusalem, c’est retourner sur le lieu de Jésus livré, torturé, insulté, mis à mort. Le lieu du traumatisme, de la haine. Mais aussi d’un drame retourné en fierté, en message, en cœur de la foi : il fut torturé, mis à mort puis ressuscitée le troisième jour.
Et c’est de Jérusalem qu’ils vont repartir, en mission.
Et, nous quels sont les Jérusalem vers lesquelles nous avons peur de retourner ? Histoires familiales, conflits avec nos proches, utopies déçues, lieux de violences et de rejets ? Pouvons-nous y retourner ?
Prendrons-nous le risque de revenir sur nos Jérusalem, pour les briser comme lieux tabou, désactiver la violence qu’elles conservent par la distance ?
Prendrons-nous le risque de les relire différemment, de faire émerger des sens que leur violence nous avait caché, de transformer leurs insultes en fierté, de se réapproprier leur patrimoine qui – après tout – nous appartient aussi ?
Au début du même chapitre, les femmes aussi « retournent » quelque part. Au tombeau – qui est à Jérusalem. Et elles retournent à un tombeau vide.
Prendrons-nous le risque de voir que dans nos Jérusalem, nos morts, nos cadavres n’y sont plus, ne sont peut-être plus que des fantômes ?
Jésus nous dit qu’il est possible de retourner à Jérusalem, de retourner Jérusalem. De mort, retourner nos Jérusalem en vie.
Stéphane LAVIGNOTTE
Autres lectures : Psaume 46 , Actes des apôtres 1 : 1-11 , Ephésiens 1 : 17-23 , Hébreux 9 : 24 – 10 : 23