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Publié le octobre 10th, 2010 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs

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Predication d’Elisabeth Green à La Maison Verte : Dieu hors des limitations

Après sa participation à la journée de rencontre LGBT évangélique la veille « TelLE que je suis », Elisabeth Green, théologienne baptiste italienne d’origine anglaise, figure de l’accueil des personnes LGBT et des questions féministe, a préché à La Maison Verte le dimanche 25 avril 10h30. Retrouver le texte de sa prédication.

 »D’origine anglaise, Elizabeth Green est depuis trente ans au service des églises baptistes italiennes. Pasteure de l’Union Chrétienne Evangélique Baptiste depuis 1989, a dévéloppé son ministère pastorale dans le sud d’Italie, à Gravina dans les Pouilles et à Matera, avant d’être chargée de l’église de Grosseto en 2003.

E.G. a fait ses études au Séminaire Baptiste International de Rueschlikon (Suisse) et à Prague. Elle a obtenu son doctorat en théologie à l’Université Pontificale de Salamanca (Espagne).

Depuis toujours elle s’est intéressée à la question de la place de la femme dans l’Eglise et à le développement d’une théologie des femmes. En lien avec ses intérêts elle a travaillé à la Décennie oecuménique des églises en solidarité avec les femmes en Italie.

Elle travaille à la vulgarisation théologique à niveau nationale. Parmi ses interventions: la retraite conduite avec le Père Carlo MOlari sur le Christianisme laïque, son intervention sur « Jésus et le shabbat » pour le séminaire d’hiver de Biblia, et sur « Le Dieu de Paul » pour l’huitième édition de « Le conviviom des différences » organisé par l’Institut Supérieur des Sciences Réligieuses de Trani.
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Eph 2,11-21

11 C’est pourquoi, vous autrefois païens dans la chair, appelés incirconcis par ceux qu’on appelle circoncis et qui le sont en la chair par la main de l’homme,

12 souvenez-vous que vous étiez en ce temps-là sans Christ, privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde.

13 Mais maintenant, en Jésus Christ, vous qui étiez jadis éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ.

14 Car il est notre paix, lui qui des deux n’en a fait qu’un, et qui a renversé le mur de séparation, l’inimitié,

15 ayant anéanti par sa chair la loi des ordonnances dans ses prescriptions, afin de créer en lui-même avec les deux un seul homme nouveau, en établissant la paix,

16 et de les réconcilier, l’un et l’autre en un seul corps, avec Dieu par la croix, en détruisant par elle l’inimitié.

17 Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin, et la paix à ceux qui étaient près ;

18 car par lui nous avons les uns et les autres accès auprès du Père, dans un même Esprit.

19 Ainsi donc, vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens du dehors ; mais vous êtes concitoyens des saints, gens de la maison de Dieu.

20 Vous avez été édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus Christ lui-même étant la pierre angulaire.

21 En lui tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint dans le Seigneur.

“Quelque chose existe qui n’aime pas un mur” chante le poète américain Robert Frost, en observant un homme qui, en pleine béatitude, est en train de réparer le mur de séparation entre deux propriétés. L’homme, qui évidemment n’est pas du même avis que le poète, déclare tout en travaillant: “de bonnes clôtures font de bons voisins” (“Good fences make good neighbours”). L’Histoire de l’humanité est peuplée de “bonnes clôtures”, de “bons murs”, de “bonnes enceintes”: la Grande Muraille chinoise, le Mur d’Hadrien, le Mur de Berlin. Et s’il est vrai que ce dernier est tombé pendant que les autres ne sont devenus que des attractions touristiques, il est aussi évident que nous continuons de bâtir des murs pour nous séparer les uns des autres: entre autres, les Etats Unis du Mexique ou bien Israël des territoires Palestiniens.

Dans le contexte du Nouveau Testament, le mur qui occupait le plus de place, le mur qui conditionnait le plus la vie des personnes sur un plan théologique et souvent même pratique était celui qui séparait les Juifs de tous les autres peuples, d’un coté ceux qui s’appellent “circoncis”, de l’autre ceux qui se disent “non-circoncis”. Deux cultures différentes, deux histoires différentes, différentes façons de concevoir Dieu et la relation avec Dieu, deux visions du monde souvent en opposition réciproque. Notre texte parle de deux peuples, mais il est évident que l’un de ces deux peuples, celui des non-circoncis est un ensemble hétérogène de gens, tribus, peuplades souvent en guerre. Les Grecs, par exemple, se croyaient supérieurs aux Barbares en beaucoup de choses. Bref, chacun garantissait sa propre identité en se déclarant supérieur aux autres et en bâtissant des murs pour se défendre d’eux.

Selon cette vision du monde, seuls certains avaient accès à Dieu, pendant que les autres en étaient exclus, privés d’espoir et de Dieu dans le monde. Une situation, donc, marquée par une profonde injustice et fondée sur la séparation de ceux qui ont (“the haves”) de ceux qui n’ont pas (“the have nots”), entre ceux qui sont dedans et ceux qui sont dehors, entre les inclus et les exclus. Oui, les exclus, ceux qui ont été exclus de la citoyenneté d’Israël et qui sont étrangers aux pactes de la promesse. Une situation, donc, traversée par des barrières, des confins, des murs. Il suffit de penser au mur qui séparait la Cour des Gentils dans le temple de Jérusalem du périmètre où accédaient les Juifs, ou bien encore à la paroi de séparation entre les femmes juives et l’aire réservée aux hommes. Nous pouvons aussi penser aux lois qui donnaient certains aux seuls citoyens Romains en excluant complètement ceux qui n’avaient pas ce privilège.

Comment se présente l’Evangile dans un tel contexte? Un contexte profondément marqué par les divisions entre les peuples, des divisions sources d’injustice, de souffrance et de discriminations?

La bonne nouvelle est que Dieu le Christ a radicalement changé cet état des choses, en transformant l’exclusion en inclusion, la distance en proximité, l’inimitié en amitié. En d’autres termes, il a transformé un état de guerre et de conflit perpétuel dans un état de réconciliation et paix. Avec sa venue, il a annoncé la paix à vous qui étiez loin et à ceux qui étaient plus proches; pour que, au travers de lui, les uns et les autres aient accès au Père dans un même Esprit.(18).

Mais cette nouvelle concerne t-elle seulement la division entre Juifs et Gentils? Pouvons-nous élargir son champ d’application à d’autres catégories en la rendant plus actuelle pour les temps que nous vivons de nos jours?

En écrivant aux églises de Galatie, c’est exactement ce que fait l’apôtre Paul, en déclarant l’absolue parité devant Dieu dont maintenant jouit le Juif et le Grec. Et cette égalité est étendue même à d’autres catégories sociales dont certaines relations sont à la source de conflits et inégalités, de privilèges et discriminations. Dans un texte très connu Paul affirme qu’Il n’y a pas de Juif ni de Grec; il n’y a pas d’esclave ni d’homme libre; ni de mâle ni de femelle. (3,28).

Dans d’autres termes, ce que l’on affirme quant à la différence religieuse (Juifs et Grecs) se confirme aussi, sans aucun doute, en ce qui concerne d’autres différences, comme celle de classe et de genre! Cela signifie que les différences qui traversent notre monde, les différences qui habitent chacun et chacune de nous, nos différentes appartenances de religion, culture, genre, classe, orientation sexuelle, age, santé, etc. , cessent d’être des sources de prérogatives et de discriminations. Pourquoi cela?

Parce que le Christ a abattu le mur de séparation en abolissant dans son corps terrestre la cause de l’inimitié. (14). Et en abolissant ce mur il a aboli toutes les autres (causes)! Il nous faudrait trop de temps pour parcourir ensemble toutes les façons dont Jésus – jour après jour – abattait les murs de division entre personnes, groupes, peuples, factions. Il nous faudrait du temps pour voir la façon dont il traversait les confins bâtis exprès pour consolider les avantages pour certains et les désavantages pour certains d’autres. Sa façon d’aller envers les femmes, les lépreux, les publicains, sans négliger les pharisiens, les hommes, les personnes aisées et les gens “comme-il-faut”. Il ne se rangeait ni d’un coté ni de l’autre, mais il cherchait toujours à privilégier ceux qui avaient été maltraités par la société ou la religion. Et nous savons parfaitement où est-ce que ces comportements l’ont amené: à la mort, à la mort sur croix.

C’est justement là, face à la croix, que notre texte nous conduit: en effet il est notre paix, lui qui de deux peuples en a fait seulement un et qui a abattu le mur de séparation en abolissant dans son corps terrestre la cause de l’inimitié, pour les réconcilier tous les deux avec Dieu, au travers de sa croix.

Or, c’est la croix du Christ qui a fait tomber les multiples murs de séparation.

Ce serait une erreur de penser que le concept de croix concerne uniquement le moment de la mort de Jésus, puisque la croix signifie toujours mort et résurrection. Sans la résurrection, en effet, nous ne saurions rien de la crucifixion de Jésus. La croix du Christ nous révèle une double dynamique: elle unit abaissement et élévation, humiliation et exaltation, mort et vie. C’est pourquoi elle détruit le négatif, abolit la cause de l’inimitié, anéantit le mur de séparation. En même temps elle crée le positif, la réconciliation avec Dieu et la paix sur terre parmi les hommes. C’est à partir de la croix que naît une nouvelle réalité, un seul homme nouveau, une nouvelle humanité.

Grâce à la croix nous pouvons affirmer qu’il n’y a pas de distinction (Rm 3,22), tout le monde a péché et est privé de la gloire de Dieu, mais tout le monde est aussi justifié gratuitement par sa grâce, au travers de la rédemption qui réside en Jésus le Christ (Rm 3,24). Il en suit une nouvelle réalité collective (sociale) par rapport à laquelle personne n’est étranger, de laquelle personne n’est exclu: Vous n’êtes ni étrangers ni exilés, mais vous êtes concitoyens des saints et des membres de la famille de Dieu.(19). C’est incroyable: dans le cadre de la nouvelle humanité créée par Dieu, les confins sont dépassés, les barrières tombent, les murs d’enceinte se dissolvent. Celui ou celle qui auparavant était exclu(e) en tant que femme et non pas homme, ou bien en tant que gay, lesbienne, bisexuel(le) ou encore transsexuel(le) et non pas hétérosexuel(le), pauvre et non pas riche, à la peau foncée et non pas claire, sans-papier et non pas avec-papier etc., en somme tous les exclus d’antan maintenant sont inclus et font partie à plein titre de cette humanité.

Les avantages de ceux qui se croyaient supérieurs n’ont plus de droit d’exister, leurs prérogatives ne valent plus rien. Les désavantages et humiliations des personnes crues inférieures ont simplement disparu. Mort, d’un coté, et résurrection de l’autre, justement.

Pour parler de cette nouvelle réalité humaine le texte utilise un double registre: la citoyenneté par les lois qui garantissent des droits égaux pour tous et la famille capable de distribuer en bonne mesure de l’amour, de l’affection et de la solidarité. Les deux métaphores, la cité et la famille se complètent réciproquement, en guise de symboles de cette nouvelle humanité à laquelle nous sommes tous invités à participer pour qu’elle devienne carrément la demeure de Dieu à travers l’Esprit. Voici la vision que le texte nous offre: Dieu dans le monde à travers une humanité réconciliée.

Encore de nos jours, des peuples et des groupes de personnes répètent le refrain “de bonnes clôtures font de bons voisins”. Mais le poète se demande: “avant de bâtir un mur, je demanderais ce que je suis en train de clôturer et ce j’exclus de l’enceinte”. “Quelque chose existe qui n’aime pas un mur”. Ce quelque chose c’est Dieu même qui en Jésus Christ a abattu tout mur de séparation. Pourtant, malgré la merveilleuse vision d’une humanité unie et réconciliée que ce texte nous offre en décrivant une cité où tous sont porteurs des mêmes droits et une famille où l’amour circule librement et de façon égalitaire, les murs continuent d’exister. Non seulement à l’extérieur de nous, mais même à l’intérieur de nous. Des murs faits de peur et préjudices, d’avidité et d’égoïsme.

Peu importe de quel côté de la barrière nous nous trouvons: nous continuons à nous définir nous mêmes les uns en opposition aux autres, les homosexuel(le)s en opposition aux hétérosexuel(le)s, le féminin en opposition au masculin, l’Islam en opposition au Christianisme, etc. Nous utilisons, pour citer Lèonardo Boff “le paradigme de l’ennemi et de la confrontation”, en oubliant que ces identités juxtaposées se contiennent réciproquement.

Je voudrais vous suggérer qu’il est temps de mettre en pratique un nouveau paradigme, celui “de l’hospitalité et de l’alliance”. Utopie du théologien brésilien ou réelle possibilité? Nous choisissons la seconde. C’est une possibilité réelle parce que Jésus a créé en lui-même un seul homme nouveau. Nous sommes cet homme-là, cette nouvelle femme-là, ni étrangers, ni exilés, mais concitoyens – citoyens l’un à coté de l’autre – des saints et des membres sœurs et frères de la même famille de Dieu. Veuille le Christ ressuscité nous libérer de nos peurs, dissoudre les préjugés qui existent encore en nous, qu’il nous rénove et re-créé. Que le Christ ressuscité veuille abattre les murs de séparation en dedans et en dehors de nous, pour que réconciliés les uns aux autres nous servions comme demeure de Dieu, à travers l’Esprit, puisque comme le dit le poète “Quelque chose existe qui n’aime pas un mur”.

Source : http://blog.lamaisonverte.org/post/2010/04/25/Elisabeth-Green-pr%C3%A8che-%C3%A0-La-Maison-Verte


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