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Publié le juin 10th, 2014 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs

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Retraite #cci2014 : étude biblique d’Yvan Bourquin « Le changement qui libère ».

Comment se produit le changement qui libère ?
La « séquence du chemin » dans l’évangile de Marc
« La séquence est scandée par les trois annonces de la souffrance et de la résurrection du Christ : 8,31, 9,31, 10,32-34. Mais après chaque annonce intervient un malentendu, c’est-à-dire que l’annonce de la souffrance est suivie d’une intervention montrant que les disciples n’ont pas compris l’enjeu de la Passion. Pierre gronde Jésus qui avertit de sa mort prochaine (8,32s) ; les disciples rivalisent sur la question du pouvoir (9,33-37) ; Jacques et Jean demandent à partager les honneurs du Royaume avec Jésus (10,35-45). Visiblement, Marc construit la séquence dans le but de contraster les attitudes.

A regarder de près, ce jeu d’oppositions et de paradoxes domine tout le passage. Le lecteur passe sans transition des hauteurs mystiques de la Transfiguration à la détresse attendant Jésus et ses disciples au pied de la montagne (9,2-29). La rivalité sur la recherche du plus grand conduit Jésus à parler de l’égard aux petits (9,33-50). Sitôt après avoir mis en scène des enfants (10,13-16), le récit fait surgir un homme riche (10,17). La demande de siéger avec Jésus dans sa gloire (10,37) précède immédiatement l’histoire de Bartimée qui insiste en implorant : « Fils de David, aie pitié de moi » (10,47s). Haut et bas, richesse et pauvreté, force et fragilité, ambition et humilité : la séquence du chemin se construit de ces oppositions. Seul le lecteur qui acquiesce à ces paradoxes parviendra comme Bartimée à voir et à suivre : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même et prenne sa croix, et qu’il me suive » (8,34). » (Daniel Marguerat – Yvan Bourquin, Pour lire les récits bibliques)
Le chemin de Paul
Dans le cas de Saul de Tarse, on a souvent le sentiment que tout s’est joué sur le chemin de Damas, quand il a été terrassé par l’apparition du Christ. On oublie le temps qu’il a fallu pour se libérer de sa vision pharisienne et devenir véritablement celui qu’il était appelé à être (trois années passées dans le désert d’Arabie et à Damas, avant de monter à Jérusalem voir l’apôtre Pierre, selon Galates 1,17-18).
Et l’apprentissage n’est pas fini. Il écrit aux Corinthiens : « Moi-même, quand je suis venu chez vous, frères, ce n’est pas avec le prestige de la parole ou de la sagesse que je suis venu vous annoncer le mystère de Dieu. Car j’ai décidé de ne rien savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Aussi ai-je été devant vous faible, craintif et tout tremblant ; ma parole et ma prédication n’avaient rien des discours persuasifs de la sagesse, mais elles étaient une démonstration faite par la puissance de l’Esprit, afin que votre foi ne soit pas fondée sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu. » (1 Corinthiens 2,1-5) Il faut rappeler ici les circonstances de sa venue à Corinthe : il venait d’adresser aux Athéniens un brillant discours à l’Aréopage, qui s’était très mal terminé…

Qu’est-ce qui se joue ici ? Thème du changement de nom. Présenté comme « Saul » dans les Actes des apôtres. Appelé « Shaoul » par le Ressuscité. Changement de nom : pas depuis sa conversion. C’est Saul qui confond les Juifs de Damas (9,22), qui se tient avec les apôtres à Jérusalem (9,26-28), que Barnabas vient chercher à Tarse (11,25) et qui recueille une contribution pour les frères de Judée (11,29-30). C’est en 13,9 seulement que Luc écrit : « Saul, appelé aussi Paul » autre trad. « Saul, ou plutôt Paul »… Ce nom romain vient d’un surnom latin signifiant « faible », « petit ». A noter : une trentaine d’années auparavant, Saul choisit d’écrire ses lettres sous le nom de Paul.

Identité FORTE :
Ac 16,27 « Pas question »
Ac 21,39 « Moi ?… citoyen d’une ville renommée »
2 Co 10,6 « Nous nous tenons prêts à punir tte désob. »
2 Co 10,8 « Même si je suis un peu trop fier »

Identité HUMBLE :
2 Co 7,6 « Dieu, qui console les humbles, nous a consolé »
2 Co 2,4 « Je vous ai écrit parmi bien des larmes »
« Un Moi fort – individuel et collectif – est celui qui s’est rendu capable d’une autocritique lui permettant d’évaluer le plus objectivement possible ses valeurs et ses limites et de les offrir à l’autre. Un Moi souple – individuel et collectif – est celui qui, dans le respect, devient capable de recevoir de l’autre ses valeurs singulières en acceptant ses limites. … Les personnalités riches ont quelque chose à donner et les personnalités souples sont susceptibles d’oser recevoir. » (Thierry de Saussure, L’inconscient, nos croyances et la foi chrétienne)
Dans l’histoire vécue par Paul : 1) Retracer la tempête et ses symboles très forts (Ac 27,18-20.33-38). 2) A Malte, épisode de la vipère et réactions. 3) Guérison de tous les malades de Malte (et nous aspirons à voir tant de miracles !). 4) Après toutes ces réussites, Paul doit… reprendre confiance (Ac 28,15) !
Notre chemin… avec Susan Boyle
La grande question : « Comment se produit le changement qui transforme et libère ? » En réfléchissant là-dessus, je roulais dans les hauts de Lausanne, désireux d’aller prendre un bol d’air en forêt (c’est toujours inspirant !). Et comme je profite des trajets en voiture pour écouter de la musique, j’écoutais ce jour-là des chants de Susan Boyle. L’un d’eux m’a bouleversé, parce qu’il s’inscrivait en droite ligne dans ce que j’avais le projet dire. Et son chant le disait beaucoup mieux que je n’aurais pu le faire !

Pour bien entendre le message de ce chant, il n’est pas inutile de revenir un moment sur les thèmes de la délivrance et du devenir.
1) La délivrance
  • Circonstances psychologiques et sociologiques entourant une naissance. « Délivrance » pour la mère et pressions psychologiques sur l’enfant en fonction des espoirs que l’on peut placer sur lui (reprise de l’entreprise familiale, etc.).
  • Si l’on attend quelque chose de moi, ma vie va se dérouler dans le souci d’exister (cf. Heidegger, l’humain comme être-en-souci).
  • Par rapport à la délivrance du souci d’exister et de réussir sa vie (un vrai slogan !), noter les termes « libération » et « libertés » figurant dans le discours-programme de Jésus en Lc 4,18 : « Il m’a envoyé proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d’accueil par le Seigneur. » (Jésus a coupé là le texte d’Esaïe.)
2) Le devenir
  • On peut l’illustrer par la parabole du grain de moutarde. « C’est bien la plus petite de toutes les semences ; mais, quand elle a poussé, elle est la plus grande des plantes potagères : elle devient un arbre, si bien que les oiseaux du ciel viennent faire leurs nids dans ses branches. » (Mt 13,32) Image forte !
  • Evoquer le thème du « devenir chrétien » cher à Kierkegaard.
  • « I was born… to be. » (Susan Boyle)
  • « Chaque être humain est appelé, en acceptant de tourner son regard vers Dieu et de s’ouvrir à son action transformante, à être renouvelé pour devenir toujours davantage lui-même : chacun, chacune, quel que soit son âge, est exhorté à se mettre en marche intérieurement afin de découvrir sa vocation profonde en tant qu’elle est acquiescement à l’épanouissement auquel Dieu l’invite. […] J’ai la responsabilité de devenir toujours davantage et mieux humain. » (Anne Sandoz Dutoit, Vieillir. Un temps pour grandir, à paraître en 2014)
Traduction libre du chant de Susan Boyle :
Quand j’étais une enfant
Je pouvais voir le vent dans les arbres
Et j’entendais un chant dans la brise
Un chant qui criait mon nom
Mais je ne suis pas une jeune fille
J’ai connu le goût de la défaite
Et j’ai enfin grandi pour croire
Que tout reviendrait à l’entour
Bien que je ne puisse pas
Connaître les réponses
Je peux enfin me sentir libre
Et si les questions
M’ont conduite ici, alors
Je suis celle que j’étais appelée à devenir
Ainsi donc, me voici
Les bras ouverts et prête à tenir bon
Le monde est dans mes mains
Et je sens que je vais m’envoler
Bien que je ne puisse pas
Connaître les réponses
Je peux enfin me sentir libre
Et si les questions
M’ont conduite ici, alors
Je suis celle que j’étais appelée à devenir
Quand j’étais une enfant,
Des fleurs ont fleuri dans la nuit
Sans crainte d’absorber la lumière
Sans honte d’avoir bravé les ténèbres
Bien que je ne puisse pas
Connaître les réponses
Je peux enfin me sentir libre
Et si les questions
M’ont conduite ici, alors
Je suis celle que j’étais appelée à devenir
Je suis celle que j’étais appelée à devenir
Remarques :
  • Le thème du « devenir » dans le titre
  • Celui de la « liberté » dans le refrain
  • La puissance symbolique de la 3e strophe (unafraid, unashamed)
  • La fonction des questions et des réponses (dans nos vies) ; la foi exige la lucidité, la capacité de s’interroger
Réflexions :
  • Le « changement qui libère » ne peut se produire que d’une seule manière : être atteint par le Dieu « amoureux » de ses créatures (je mesure les termes, que j’ai tenu à dépoussiérer – mais le mot « amoureux » me semble être la traduction très précise et suggestive du mouvement vers moi de Celui qui m’aime)
  • Un Dieu qui m’invite et me sourit
Un Dieu qui m’accueille là où j’en suis
Un Dieu qui me fait grâce après avoir entendu ma plainte
Un Dieu discret qui me respecte
Un Dieu dont la « voix silencieuse et fine » m’émeut parce que j’apprends à l’écouter sous le signe de l’alliance – à la percevoir comme un arc-en-ciel dans toute sa beauté
Yvan Bourquin.

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