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Publié le février 9th, 2018 | par Carrefour des chrétiens inclusifs

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Lettre ouverte à la rédaction du journal Réformés

La publication par Réformés d’une photo de l’artiste Elisabeth Olson Wallin représentant deux hommes nus, enlacés, l’un d’eux avec les bras en croix, a suscité la polémique parmi les lecteurs du journal chrétien. La photo accompagnait le dossier « Orientations sexuelles : accueillir la différence » du numéro de février. Le journal a alors choisi de répondre directement à ses lecteurs par un article : «Cette photographie montre la dignité de la relation homosexuelle»

Et le Carrefour des Chrétiens Inclusifs intervient avec une lettre ouverte adressée à la rédaction de ce journal :

Car Jésus sur la croix est nu.

Nous avons été nous aussi interpellé.e.s quand notre regard a vu la photo de deux hommes dans un lit, nus, sur les pages de « Réformés ». Notre regard s’est arrêté et il n’a vu plus que cela. Une image qui choque. Une pierre qui paralyse.
Notre regard aurait aussi pu voir un homme en croix.
Notre regard aurait aussi pu voir un homme cramponné à ce corps crucifié comme si sa vie entière en dépendait.
Car Jésus sur la croix est nu, vulnérable et exposé. Et notre rencontre avec lui nous demande, mieux, elle nous apprend à nous débarrasser de nos habits, de nos dignités, de nos gloires humaines. De nos pierres.

Depuis que des églises protestantes parlent d’homosexualité et ont choisi de bénir des couples d’hommes et de femmes, des voix se sont élevées pour dénoncer ces décisions. Certain.e.s n’en veulent pas du tout, d’autres sont prêt.e.s à des concessions. Lors du débat dans l’EERV (Église Évangélique Réformée du canton de Vaud) une proposition fut avancée de bénir non pas le couple mais chacun des individus. Il s’agissait pour ses promoteur.rice.s d’une offre de compromis.

Si par un exercice de l’esprit nous appliquons cette idée à d’autres situations, par exemple celle d’un couple de personnes ayant une couleur de peau différente, nous obtiendrions ceci : un couple composé d’un homme noir et d’une femme blanche demanderait à se marier, et on leur répondrait qu’on ne peut pas les marier ensemble, mais séparément. Certain.e.s bondiraient, d’autres rigoleraient, mais tous dénonceraient, justement, le racisme profond d’une telle idée.

Personne n’a dénoncé le caractère homophobe de la proposition de bénédiction individuelle. Personne n’a rigolé, personne n’a bondi. L’homophobie structure encore tellement notre parole, notre réflexion, notre action qu’elle nous devient invisible. Pour l’apercevoir, la repérer, nous avons besoin de lunettes, de techniques, tel que le petit exercice de déplacement consistant à appliquer les propositions faites au sujet des personnes homosexuelles à d’autres groupes humains – cette technique peut être utilisée pour tous les groupes objet de discrimination. C’est seulement ainsi que la violence, et le caractère profondément discriminatoire de cette proposition peut être révélé.

Plus qu’une attitude individuelle, l’homophobie est un trait dominant de nos cultures. On distingue l’homophobie, en tant qu’attitude individuelle, de l’hétérosexisme, qui est un système social. L’idée qu’il existe une hiérarchie entre les êtres humains fondée sur leur orientation sexuelle, que seule l’hétérosexualité a une valeur, que les personnes ayant une autre orientation sexuelle ne peuvent être traitées sur un pied d’égalité et que par conséquence leur discrimination est juste, sont des idées encore très influentes dans nos sociétés occidentales et dans nos églises.

S’en débarrasser demande des efforts humbles et persévérants. Des efforts personnels et collectifs. Grâce à cette photo, la rédaction de « Réformés » nous le rappelle. Qu’elle soit profondément remerciée de nous avoir montré ce grain de sable dans nos yeux qui nous cache Jésus et nous indique le scandale. A chaque personne de savoir si elle s’efforce de le retirer ou si elle décide de le transformer en pierre dans sa main.

 

crédit photo : Elisabeth Ohlson Wallin


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