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Publié le avril 3rd, 2010 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs

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Jean 19 : 28-32

3 avril 2010, samedi de la Passion, Jean 19 : 28-32

« J’ai soif. » Ces mots, si ordinaires en apparence, ont fait couler beaucoup d’encre pour signifier qu’au contraire ils ne l’étaient pas. L’évangéliste déjà attribue à Jésus au moment où il les prononce l’intention d’accomplir parfaitement les Ecritures. Jésus aux derniers instants de son agonie ne perd pas de vue qu’en lui se réalisent les paroles prophétiques et le salut qu’elles annonçaient. Il lui faut alors jusque dans les moindres détails se conformer au déroulement prévu afin que précisément « tout [soit] achevé ». Comme un prêtre soucieux de respecter un rituel, Jésus accomplit le sacrifice unique et parfait, étant lui-même le prêtre et la victime. Les exégètes ne manquent pas de renvoyer aux textes auxquels pense Jean et où se trouve formulé ce que Jésus accomplit parfaitement, notamment au verset 22 du psaume 69 (68) : « Quand j’ai soif, ils me font boire du vinaigre. »

Il va de soi que l’on peut voir dans cette parole l’accomplissement parfait de l’Ecriture, et le signe que le salut dont elle est la promesse trouve en Jésus son actualisation, sa réalisation. Toutefois, nombreux sont ceux qui ont voulu aussi donner une interprétation symbolique à ces paroles. Jésus exprimerait là sa soif d’amour (pour Thérèse de Lisieux par exemple « c’est l’amour de sa créature que le Créateur de l’univers réclame, Il a soif d’amour »), un désir inextinguible et qui serait l’expression d’aspirations infinies que ce monde ne pourrait satisfaire. Jésus formulerait là un besoin à interpréter comme signe d’un manque, d’un vide que seul le Père peut et va combler. En cela il représenterait le tragique de la condition humaine marquée par l’exil et le désir de rejoindre la patrie céleste.

Toutes ces lectures se complètent et s’enrichissent. Sans vouloir en retrancher quoi que ce soit, j’aimerais en revenir ici à un « degré zéro » : lorsqu’il dit qu’il a soif, Jésus a soif. La situation qui est la sienne d’homme haletant, d’homme mourant, suffit à charger de sens ces mots. En eux je vois l’expression simple et claire de l’Incarnation, d’une humanité assumée jusque dans l’inconfort ou la souffrance, jusque dans la mort. Au pied de la Croix, Marie a peut-être reconnu la situation présentée dans le psaume, elle a sûrement entendu la demande si souvent renouvelée trente ans auparavant par son enfant, et à laquelle elle pouvait alors satisfaire. Et c’est parce qu’il a consenti à avoir soif et à demander à boire tout au long de sa vie terrestre que nous avons été sauvés. Au chapitre 4 du même Evangile, la Samaritaine l’avait déjà compris.

Michel DESROCHES

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