Publié le septembre 27th, 2009 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs
0Luc 13:10-17
Année D – 27 septembre 2009, 26e dimanche du temps ordinaire – Luc 13:10-17
Quelle infirmité courbait la femme possédée d’un esprit ? Arthrose ? Dégénérescence de la colonne vertébrale ? Os, muscles, nerfs, tendons ? Ou maladie du coeur et de l’âme ? Deuils trop nombreux ? Dépression ? Morts d’enfants en bas âge ? Oppression sous l’empire romain avec son règne de fer, ses lourds impôts, ses soldats violant les femmes et brutalisant leurs frères, leurs parents, leurs enfants, leurs animaux ?
Personne humaine unique, précieuse, digne du regard du Christ – et du nôtre ! — la femme courbée est aussi nous toutes, femmes du monde entier. Dans la majeure partie du monde, ce sont les femmes qui vont puiser l’eau, qui attisent le feu de la cuisine, qui souffrent de manière disproportionnée de violences guerrières et familiales, à qui manque le choix d’aimer, d’être ou de ne pas être mère, de s’instruire….
Comment recevoir le Christ libérateur ? Comment aussi être ce Christ pour les autres ? Comment remarquer les blessures cachées ou visibles des femmes qui nous entourent ? Comment avoir le courage d’accepter la guérison quand elle vient vers nous et nous enlace ? L’Evangile nous interroge.
Comme la plupart des textes bibliques, celui-ci a ses risques. On oppose trop souvent Jésus à sa propre tradition. Dangereuse pratique, source et conséquence d’un « enseignement du mépris » meurtrier. Le Judaïsme lui-même enseigne que le sabbat est tourné vers la vie et ne doit jamais contrevenir à la miséricorde et à la justice divines. La guérison, la vie ont priorité. Jésus le Christ puise dans le meilleur de sa tradition !
Se souvenir aussi que l’évangéliste « Luc » (on ne sait pas qui a écrit cet évangile sinon que l’auteur est aussi celui des Actes des Apôtres, fin(e) rhétoricien(ne), instruit(e) dans la version grecque de la bible hébraïque, la Septante) est préoccupé par l’élargissement de la jeune communauté chrétienne vers les Gentils, ouvrant la sagesse d’Israël et de son Dieu au monde entier par la voie – et la voix – du Christ.
Et nous ? Puisons-nous dans le meilleur de notre tradition ? Revenons-nous à ses sources vives, celles qui guérissent et qui véhiculent sagesse, justice, et compassion ? Elargissons-nous cette tradition pour en faire une église à bras grands ouverts, un foyer de l’amitié, un instrument de justice, un espace de guérison ?
Pour beaucoup d’entre nous, le dilemme est que c’est cette même tradition qui souvent nous a accablés, blessés, mutilés même, perclus(es), rendu(e)s malades, courbé(e)s sur nous-mêmes, incapables de nous lever les bras ouverts, débordant(e)s de louange et de joie.
Malgré cela, au milieu même de cela, Jésus-Christ nous interpelle en douceur et la femme guérie nous invite, debout à présent, chantant d’une voix impossible à taire.
Jane REDMONT