Publié le septembre 20th, 2009 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs
0Luc 12:1-12
Année D – 20 septembre 2009, 25e dimanche du temps ordinaire – Luc 12:1-12
Parler ouvertement et sans crainte …
Jésus, invité à déjeuner chez un Pharisien, vient de lancer à ces derniers et aux légistes qui les accompagnaient une volée de bois vert qui ne risquait guère de le rendre sympathique à leurs yeux puisqu’il les accuse, en termes variés, de n’être que des hypocrites, de pratiquer le contraire de ce qu’ils disent, de ne s’attacher qu’aux apparences… discours bien connu puisque le terme « pharisien » est entré dans la langue courante avec toute cette acceptation peu flatteuse.
Mais ce discours semble lui valoir une certaine popularité puisque l’évangéliste nous dit que « sur ces entrefaites » la foule se rassemble par milliers et Jésus lui parle, « en commençant par ses disciples », faute de micros sans doute et l’on peut se demander dans quel état les recommandations faites par Jésus dans ce discours ont bien pu parvenir aux extrémités de cette foule !
Cela commence par une mise en garde contre « le levain des Pharisiens ». Curieuse expression, curieuse comparaison ! Pour nous aider à comprendre Luc nous dit que le levain des Pharisiens c’est l’hypocrisie. Mais en quoi est-ce un levain ?
Avez-vous déjà fait du pain ? Ceux qui écoutaient Jésus en faisaient couramment et savaient bien que le plus difficile dans cette opération est de faire et surtout de conserver le levain. Rien de plus simple en apparence : de l’eau, de la farine, du sel, plus le travail de la main de l’homme. L’alchimie ne peut manquer de se faire… et pourtant elle échoue si la température n’est pas bonne, si le levain est exposé aux courants d’air ou à la lumière et surtout si, en le travaillant, on n’a pas fait entrer assez d’air dans la pâte pour lui permettre de lever.
Levain raté, pain raté, dur, compact, épais, indigeste.
L’hypocrisie empêchera donc toute pâte humaine de lever et Jésus nous invite alors à aller au contraire et sans crainte vers une parole libérée, aérée comme un bon levain, à dire tout haut ce que nous pensons tout bas.
Mais cet hypocrite que nous aimons bien voir chez notre voisin, chez ce « proche » qui nous regarde avec mépris, qui nous juge, n’est-ce pas d’abord en nous-même que nous le nourrissons, n’est-ce pas lui que nous écoutons et qui nous incite à maintenir les apparences, à ne pas trop nous afficher, à rester discret, à rester « comme il faut » , à ne pas sortir de notre placard peut-être ?
Chrétiens et homosexuels dans un monde qui n’aime ni les uns ni les autres, quel levain sommes-nous, quelle Parole portons-nous, quel témoignage de notre foi et de notre condition humaine proclamons-nous ? Quelle place laissons-nous à notre peur ? Entendons-nous Jésus lorsqu’il nous dit avec véhémence que lorsque nous sommes devant nos adversaires nous n’avons pas à chercher avec inquiétude comment nous défendre ou que dire « car le Saint Esprit vous enseignera ce qu’il faut dire » ? Et si nous prenions cette affirmation au pied de la lettre ? Chiche ?
François LUTT