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Miettes de la table no image

Publié le septembre 6th, 2009 | par Carrefour des Chrétiens Inclusifs

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Luc 11 : 29-36

Année D – 6 septembre 2009, 23e dimanche du temps ordinaire – Luc 11 : 29-36

Deux histoires dans cet extrait d’évangile, deux thématiques, dirions-nous. D’abord, les contemporains de Jésus qui lui demandent un signe, et Jésus de leur répondre en parlant de Jonas, puis de Salomon et de la Reine de Saba. On pourrait d’abord s’arrêter à Jonas, et par exemple réfléchir sur la soif de signes, de miracles, de « preuves », point commun que nous avons peut-être avec les gens de Ninive. Ou à la Reine de Saba ayant le souffle coupé devant les fastes de la cour de Salomon, et reconnaissant alors la souveraineté de son Dieu. Où est comment reconnaît-on l’esprit de Dieu, à quels signes ? Première thématique possible pour notre réflexion.

Avec les versets 33 à 36 on trouve la deuxième thématique : la lampe qu’on ne met pas sous le boisseau, mais bien visible. L’évangéliste associe la lampe à l’œil : « La lampe de ton corps c’est l’œil ». Il nous conseille ensuite d’aiguiser notre regard « Examine donc si la lumière qui est en toi n’est pas ténèbres ». Quel lien faire avec la première partie du texte ? Comment lire l’histoire de la lampe et du lampadaire à la lumière de ce qui précède, chez Luc, sachant que Matthieu place le même épisode dans un autre contexte, juste après les béatitudes, et comme une exhortation directement adressée aux disciples: vous êtes le sel de la terre, vous êtes la lumière du monde (Matthieu 5, 13-16) ?

Nous sommes invités à chercher quelques pistes pour aborder les versets 29 à 36 de Luc 11, tous ces versets ensemble, en écho les uns des autres : je vous soumets ici quelques bribes de réflexion.

Qu’est-ce que nous verrions, si notre corps voit bien, si notre regard est sain ? Une lumière, un signe, Jésus comme une Lumière. Cette lumière ne fait pas signe, elle est signe, barrage contre l’obscurité. Jonas était un signe pour son temps, Jésus est un signe pour son temps. Comme le soleil, Jésus, l’Esprit d’amour, et Dieu le Père, est/sont chaleur et lumière. On ne demande pas au soleil de prouver qu’il réchauffe : on a chaud, c’est tout. Demander à Jésus de faire des signes, de faire des miracles, c’est passer à côté de la lumière, passer à côté de l’émerveillement de la clarté, c’est réclamer une (dé-)monstration là où il faudrait se laisser imbiber, emporter, baigner d’évidence, s’abandonner à la lumière de ce qui est plutôt que de chercher à se rassurer sur ses propres certitudes.

Nous n’avons pas besoin de signes, mais de la lumière de l’Esprit, pour reconnaître que le seul signe, c’est Jésus lui-même. Le regard sain, l’œil qui voit juste, c’est celui qui regarde en écoutant (si je puis dire) l’Esprit. Cela, sans doute, demande une certaine vigilance, un état de veille, une volonté de ne pas se laisser distraire, étourdir, endormir. Pensons à d’autres lampes : celles allumées et bien alimentées par les vierges sages, qui ne s’endorment pas, qui veillent, qui sont conscientes de l’existence des ténèbres, qui font attention à ce qu’elles ont en elles, à ce dans quoi leur vie se déplace : de la lumière, et non des ténèbres.

Ainsi, comme femmes et hommes veilleuses et veilleurs, nous pouvons, comme souvent avec Jésus, nous sentir invitées et invités à une sorte de paradoxe. Il s’agit de se tenir dans la lumière, confiants, limpides et nus comme des enfants, pour que notre corps soit éclairé, et cela demande un certain abandon (une mise en veilleuse, sinon de notre esprit critique, du moins de ce qui en nous est hyper-rationnel), afin que nous cessions de nous accrocher aux signes et aux preuves, et pourtant, en même temps, de ne jamais renoncer à être un humain qui veille, un humain éveillé, un humain qui ne confond pas les ténèbres et la lumière, qui examine ce qui est en lui (et qui ne laisse jamais s’endormir ses facultés de libre examen, afin de pouvoir faire un retour critique sur sa propre foi).

Difficile équilibre à trouver, sans doute. Par où commencer ? Peut-être en étant à l’image de la Reine de Saba, la Reine de Midi, cette femme qui se met en marche avec ses interrogations, « venue du bout du monde pour écouter la sagesse de Salomon ». Notre veille est une veille de marcheurs et de marcheuses : peuple en marche, il nous faut venir et voir, marcher pour venir, ouvrir les yeux pour voir.

Françoise NIMAL

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